"L'Amour, le Sexe et le Pouvoir", non ce n'est pas le dernier bestseller du prix Goncourt ou du Renaudot, pourtant ce pourrait bien être une excellente trilogie gagnante tant l'on a écrit sur le sujet... depuis que l'Humanité existe sous une forme structurée, de la plus petite communauté ancestrale à la plus grande mégalopole urbaine contemporaine, la multiplicité des contacts entre humains impose ses lois et ses préceptes sur la base d'un rapport de force entre les individus via des relations de pouvoir, d'amour, des fois de haine et de sexe.
Nous n'allons pas ici même refaire l'histoire de l'Humanité pour nous en convaincre, les relations entre individus, du même sexe ou du sexe opposé, sont régis par cette trilogie, une sorte de triangle des Bermudes où bien des hommes et des femmes ont pu sombrer dans quelques excès sur leurs congénères. Mais pas besoin d'aller bien loin pour constater que même à notre simple niveau individuel nous sommes tous plus ou moins confrontés à ces "rapports de force", ces sortes de contrepoids relationnels complexes qui tracent les voies invisibles de nos existences.
La vraie question serait la suivante : jusqu'où pouvons nous aller en étant lié au "pouvoir d'attraction" du sexe, à la force de l'amour ou bien au désir instinctif du pouvoir ? l'on voit d'ailleurs toute la limite assez floue qui s'instaure dans cette étrange triangulation, le sexe est-il une sorte d'émanation du pouvoir, l'amour est-il un contre-pouvoir du sexe ou une complémentarité plus intellectualisée de celui-ci, la notion de pouvoir sur autrui est-elle liée de loin ou de près au sexe, à l'amour ou à la haine (comme rejet donc "action contre", d'où désir de subordination...).
Laissons les réflexions complexes et presque philosophiques, bien réelles mais qui demanderaient plusieurs bibliothèques pour n'en entrevoir qu'une certaine réalité, afin de nous focaliser uniquement sur le... sexe. Et que savons nous du sexe ? Déjà que c'est instinctivement très ancré dans nos gènes, que nous ne pouvons pas y échapper, que d'ailleurs nous existons tous grâce à lui... ne l'oublions pas. Par conséquent nous pouvons noter que nous sommes tous un tant soit peu "prisonniers du sexe", contraints d'y penser et aussi contraints de passer à l'acte, c'est un impératif physique que notre corps demande instamment. Ce besoin intrinsèque de sexe, très variable selon les individus, peut néanmoins dépasser certaines limites, on parle alors "d'addiction sexuelle" pour toute personne qui ne pourrait agir ou penser qu'en passant par la "case sexe" ! On voit d'ici toute la difficulté relationnelle à entrer en contact avec autrui si l'on aborde la chose directement par cette voie purement sexuée...
Peut-on dire que l'addiction au sexe est une maladie en soi ? Dans tous les cas ce n'est pas une attitude normale, c'est généralement une attitude déviationniste très handicapante, bien que la juste norme ne soit pas toujours facile à définir (ou à quantifier) il semble certain que l'on ne peut pas tout aborder au quotidien sur le mode "le sexe d'abord"... Hélas pour elles, les personnes qui souffrent de cette addiction déclarée, ne peuvent pas vivre normalement et doivent se faire soigner pour retrouver une sérénité dans leurs relations basiques aux autres. Par contre, dans le couple il existe un paradoxe, en effet l'addiction sexuelle au partenaire pourrait paraitre bien plus "normalisée" du fait que les deux individus peuvent à tout moment passer à l'acte sans pour autant que la relation en soit perturbée, ce serait même bénéfique puisqu'il est couramment admis que dans le couple l'acte sexuel est l'un des ciments de la relation et que répéter celui-ci va dans le bon sens, de ce raisonnement. Oui mais... Oui mais qu'en est-il si l'un des partenaires est, disons-le comme suit : "moins addict" que l'autre... alors effectivement il y a ici un véritable problème de couple, l'un passe pour un obsédé et l'autre pour un impuissant (pour les hommes) ou une frigide (pour les femmes).
C'est ici qu'intervient le rapport de force de notre fameuse trilogie, lorsqu'un individu impose son pouvoir sur un autre... en ce qui concerne le sexe il y a donc abus sexuel sur autrui si ce dernier n'est pas consentant, et chaque jour l'actualité nous le rappelle.
Que dire de l'Amour dans cette affaire de sexe... Finalement si l'on analyse bien l'ensemble de ce "raisonnement sexué", l'Amour ne serait qu'une forme de consentement réciproque où chacun reconnait pleinement en l'autre sa propre limite d'abus, que ce soit d'abus sexuels ou plus simplement d'abus de pouvoir. Je reconnais que cette définition de l'amour ne satisfera pas tous mes lecteurs mais je répondrais que la Liberté (sexuelle) des uns s'arrête là ou commence celle des autres. Ma définition de l'amour aura au moins l'intérêt de poser des bases de réflexion sur ce rapport de force entre les individus, et plus précisément sur les relations homme-femme !
"Le sexe est une des formes primaires du pouvoir." Ernesto Sabato
"Le sexe, c'est toujours une relation de pouvoir, qu'on le veuille ou non. Il faut une lutte, une domination de l'un sur l'autre ! Sinon, ça ne marche pas." Monique Larue
Le sexe est le cerveau de l'instinct." André Suarès
