Tout au cours de notre vie nous avons régulièrement des épreuves à surmonter, qu'elles soient légères ou bien plus lourdes, ces épreuves nous entraînent la plupart du temps sur des terrains difficiles qu'il faut dépasser afin d'aller de l'avant et continuer notre chemin. Cette capacité de dépassement de soi face à l'adversité s'appelle la résilience.
J'ai pensé qu'il était important de donner quelques informations sur ce potentiel que nous détenons tous, celui qui fait que nous ne sombrons pas lorsqu'un problème grave arrive, celui qui nous fait "prendre le choc" dans un premier temps, puis analyser les moyens de "prendre en charge" ce problème pour ensuite "prendre une résolution" ou, du moins, dépasser le problème pour qu'il n'en soit plus un. Evidemment il existe une multitude de graves problèmes auxquels nous sommes tous, plus ou moins, confrontés un jour.
Certains me diront : "oui mais il y a des problèmes que l'on ne peut pas surmonter". A cela je répondrais de suite : c'est faux. Mais tout dépend effectivement du sens que l'on donne au terme "surmonter", lequel doit être mieux défini car il regroupe plusieurs finalités différentes.
Surmonter un problème c'est avant tout le désactiver, soit en le résolvant complètement, soit en le rendant moins problématique, soit en le contournant afin qu'il n'atteigne plus sa cible, c'est à dire qu'il ne vous atteigne plus. Mais hélas, et plus généralement les "vrais problèmes graves" ne se résolvent ni complètement ni d'un claquement de doigts, ce serait trop simple... il faut souvent user de beaucoup de temps et d'énergie pour résoudre certains problèmes. En ce qui concerne l'atténuation d'un problème, cela relève avant tout de la personnalité de chaque individu et de sa capacité à relativiser la situation problématique, ici aussi, et même si cela reste moins visible, il faut disposer de beaucoup d'énergie intellectuelle pour savoir relativiser et mettre en place un "dispositif de défense personnelle", à la limite cet état de défense qui relativise pourrait s'apparenter à une certaine forme de "sagesse"... mais étant donné que nous ne sommes pas tous sages, il nous restent la troisième solution, celle de l'échappatoire, de la fuite ou du contournement... non, rassurez-vous ce n'est pas la solution des lâches mais celle qui permet de temporiser salutairement une situation difficile pour mieux l'appréhender en temps voulu et finalement s'y confronter tout de même sur la longueur, ici cela ressemble plus à une forme de "dilution" du problème.
Dans le cadre du couple, les problématiques peuvent être assez nombreuses, tant par les formes qu'elles peuvent prendre que par les fréquences qu'elles peuvent engendrer chaque jour, puisque la confrontation au quotidien de deux individus (qui pourtant s'aiment) n'est jamais une aventure ni simple ni si facile à vivre, n'oublions pas que chacun dispose de son terrible ego, lequel n'est pas toujours en phase avec celui du partenaire, sinon la situation serait parfaitement idyllique ou divinement paradisiaque... ne rêvons pas, vivre en couple est une épreuve presque métaphysique qui nous interroge à chaque instant !
Mais qu'en est-il exactement du potentiel du couple face à l'adversité ? L'amour est-il plus fort "à deux" contre les vicissitudes du monde ? Sommes-nous forcément mieux armés avec un(e) partenaire pour affronter les difficultés de la vie ? Ces questions sont fondamentales d'abord pour la bonne marche du couple mais aussi implicitement pour la bonne santé mentale de chacun... En effet, cela implique logiquement notre profonde intentionnalité d'être en couple afin d'y gagner en force, en intelligence et en sérénité. Par conséquent la réponse à ces questions ne peut être que oui. Oui, le couple est plus fort que l'individu isolé, oui le couple résiste mieux aux problématiques de notre monde moderne et sait y réagir avec une résilience plus affirmée. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il peut appréhender toutes les situations en les confrontant dans le cadre d'un échange, et que cette communication n'est autre qu'une forme de communion en réaction aux problèmes extérieurs, une sorte d'armure protectrice que le dialogue conjugal sait construire pour mieux comprendre son environnement et se projeter sur l'avenir... et comme on le sait : prévoir c'est savoir, prévoir c'est gouverner, ici le couple gouverne sa propre destinée.
Le plus grand des problèmes reste néanmoins la séparation. Si le couple se désunit, alors la perte de tous ces avantages peut aboutir à une forte interrogation personnelle sur des choix fondamentaux, sur le vivre en société, sur la vision du monde, sur l'estime de soi, sur sa propre sexualité, sur l'amour et même sur l'intérêt ou l'envie d'exister... c'est ce que l'on appelle communément la dépression, un terme parfaitement imagé, l'individu devient comme un vieux pneu dégonflé, sans aucune pression, aucune résistance, aucun désir. C'est ici que l'on perçoit la force de résilience d'un couple quand celui-ci justement n'existe plus, l'individu se retrouve alors seul face à toutes ses responsabilités, à l'ensemble de ses doutes, à toutes ses faiblesses et imperfections. Mais heureusement l'individu dispose aussi de sa propre capacité à se reconstruire, la résilience personnelle passe souvent par une étape de recentrage nécessaire sur son propre Ego, tout n'est alors qu'une question de temps pour recouvrer pleinement ses facultés, voire pour reconstruire le couple... avec le soutien professionnel d'un(e) spécialiste.
"La résilience, c'est l'art de naviguer dans les torrents." Boris Cyrulnik
"il existe une zone de flou artistique entre le célibat dépressif et le mariage ennuyeux : baptisons-la bonheur." Frédéric Beigbeder
"L'homme progresse tant qu'il accepte les épreuves." Anthony Lipsey
